Dépression saisonnière

Ajouté le 20 déc. 2022
Dépression saisonnière

 

La lumière au bout du tunnel

Avec la nuit qui tombe vite, le froid qui s’installe, et parfois l’humidité, l’arrivée de l’hiver plombe le moral de certains. Ce coup de mou peut être appelé blues de l’hiver mais il peut aussi être le

signe d’une dépression saisonnière. On considère que le blues hivernal et la dépression hivernale peuvent toucher jusqu’à une personne sur dix !

Nous avons interrogé Éric Charles à ce sujet, psychiatre au Centre hospitalier Esquirol à Limoges.

Par Lise de Crevoisier

 

Le spleen de l’hiver

Lorsque l’été prend congé et entraîne avec lui le soleil, certains d’entre nous commencent à avoir le cafard. Cet état, plus ou moins intense en fonction des personnes, peut suggérer une dépression saisonnière. Mais comment la reconnaître ? Éric Charles nous ex- plique : « La première caractéristique d’une dépression hivernale est qu’elle apparaît à partir de l’automne. Ses symptômes sont les mêmes qu’une dépression classique à quelques exceptions près. Ceux retrouvés habituellement dans tous les types de dépression sont une tristesse, des idées noires, un ralentissement à faire les choses, une plus grande fatigabilité ou encore une perte de plaisir. La dé- pression classique, plutôt liée à des évènements de vie, amène également une perte d’appétit, une perte de poids et une insomnie. »

 

 

Les signes de la dépression saisonnière

«Mais pour la dépression saisonnière cest le contraire, ajoute Éric Charles, il y a une augmentation de l’appétit et donc une prise de poids, généralement assez modeste mais qui peut parfois être importante, et au lieu d’une insomnie, il y a ce qu’on appelle une clinophilie, une tendance à passer beaucoup plus de temps dans son lit. Un peu comme les animaux qui hibernent », commente-t-il. L’hibernation est un phénomène chronobiologique qui est lié à l’horloge biologique. Tous les êtres vivants possèdent cette horloge interne. Le mécanisme de l’hibernation serait similaire à celui de la dépression hivernale.

 

 

L’HORLOGE BIOLOGIQUE INFLUENCE AUSSI NOTRE IMMUNITÉ !

En fonction du moment de la journée ou des saisons, nous avons une immunité plus ou moins bonne. Les personnes atteintes de dépression saisonnière, ayant leur horloge biologique décalée, peuvent connaître des variations de leur immunité, comme une plus grande sensibilité à certains moments par rapport à d’autres. Ces personnes ne sont pas pour autant immunodéprimées, c’est-à-dire qu’elles ne présentent pas de déficit immuni- taire. Néanmoins, ces dérèglements peuvent avoir une incidence sur leur santé physique.

 

Les  causes de la dépression saisonnière ?

Cette horloge biologique, aussi appelée horloge circadienne, est synchronisée par la lumière sur les vingt-quatre heures d’une journée. Elle permet de réguler les fonctions rythmiques de notre organisme avec le monde extérieur, par exemple : l’appétit, la veille et le sommeil, la température corporelle, etc. Le lien entre cette horloge et la dépression saisonnière nous est expliqué par le Dr Éric Charles : « L’horloge biologique est régulée par la libération de la mélatonine ». La mélatonine est une neuro-hormone, c’est à dire une substance produite par un neurone et qui agit comme une hormone, en envoyant des informations à tous nos organes. Elle est fabriquée et libérée par notre cerveau uniquement la nuit.

« Chez certaines personnes, cette libération de mélatonine est perturbée. Leur horloge biologique n’arrive pas à s’adapter à l’arrivée de l’automne et à la diminution de la durée du jour. Ceci crée des symptômes de la dépression saisonnière », développe Éric Charles.

 

 

Comment reprendre le dessus ?

Une solution pour déjouer la dépression saisonnière : la lumière ! Elle peut resynchroniser l’horloge biologique. De manière relativement simple, essayez de vous accli- mater avec la lumière du monde ex- térieur. Éric Charles nous conseille :

«Quand le jour se lève plus tard en hiver, évitez de vous retrouver dans le noir le matin puis de passer la journée dans la lumière artificielle du bureau». L’idée est de sortir à la levée du jour pour avoir un contact dès le matin avec la lumière. Mettez-vous à la marche matinale !

Aussi, les mois d’hiver froids et sombres peuvent nous pousser à rester au lit, manger plus et éviter les sorties. Et dépression saisonnière ou non, la sédentarité ne fait du bien ni au moral ni au corps ! Pour ne pas vous laissez aller : changez vos habitudes,  votre  décoration,  faites  du sport, gardez une vie sociale remplie et testez de nouvelles recettes saines et équilibrées (aux légumes d’hiver par exemple).

 

La luminothérapie

Le traitement classique de la dépression saisonnière est la luminothérapie. Le principe est d’exposer les patients à des moments précis à une lumière intense grâce à des lampes de luminothérapie. Ces lampes éclairent à une intensité de 10 000 lux, alors que les lumières de bureaux sont à 200-300 lux.

« Il faut s’exposer le plus tôt possible le matin, pendant une demi-heure à cette intensité de 10 000 lux, tous les jours à la même heure et généralement deux semaines de cure suffisent », indique le Dr Charles. Lamélioration est même ressentie au bout de 2-3 jours en général. Les deux semaines permettent de maintenir l’efficacité tout l’hiver : « si un patient ne va de nouveau pas bien au cours de l’hiver, on peut proposer de refaire une cure, ce qui arrive rarement », rajoute Éric Charles. Il faut donc consulter son médecin dès les premiers signes pour être rapidement diagnostiqué et conseillé.

 

COMMENT LA LUMIÈRE AGIT SUR NOTRE CERVEAU ?

Pour nous sortir d’une dépression saisonnière, la lumière influencerait donc notre horloge interne. Quel est son secret ? Le Dr Éric Charles nous éclaire sur la question :

« Au niveau de la rétine, nous avons des cellules visuelles et des cellules photoréceptrices (qui reçoivent l’information lumineuse uniquement). Ces cellules reçoivent l’information lumineuse de la lampe de luminothérapie, qu’elles transmettent à une zone du cerveau appelée le noyau suprachiasmatique. Ce noyau correspond à notre horloge biologique. Il transmet l’information à la glande pinéale, une autre zone du cerveau, qui fabrique la mélatonine.

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